Le Gouvernement wallon a approuvé le projet-pilote Hayrport. Une production locale d’hydrogène vert permettra de faire rouler les engins de l’aéroport et de tester une mobilité “zéro carbone”.
Le Gouvernement wallon a donné son feu vert au projet-pilote Hayrport sur le site de l’aéroport de Liège (illustration ci-dessus).
Le projet, porté par l’industriel John Cockerill et les autorités de Liege Airport, vise à déployer une infrastructure locale de production et de distribution d’hydrogène vert qui servira à faire rouler les véhicules utilitaires de l’aéroport (engins de manutention, chariots élévateurs), sans émission de carbone.
Un électrolyseur permettra de produire de l’hydrogène à partir d’électricité photovoltaïque.
La capacité de production sera de 200 kg d’hydrogène par jour, de quoi approvisionner des véhicules de l’aéroport mais également des véhicules d’autres entreprises et institutions locales, leur permettant de parcourir près de 20.000 km.
Il s’agira de tester l’hydrogène pour le plus de modes de mobilité possibles, comme les bus et les voitures.
Projet innovant, HaYrport® bénéficiera d’une subvention régionale de 6 millions d’euros afin de faire face au surcoût de la production d’hydrogène par rapport aux carburants pétroliers conventionnels. Par ailleurs, la construction des installations sera couverte par un prêt de 6 millions dans le cadre du Fonds Kyoto. Les infrastructures devraient être pleinement opérationnelles fin 2022.
L’usage de l’hydrogène vert dans le transport n’est pas toujours pertinent car une électrification s’avère souvent plus judicieuse (lire notre article Hydrogène vert : choisir des usages prioritaires). Mais ici, il s’agit avant tout de soutenir le démarrage d’un secteur d’avenir.
“Au-delà de ce projet pilote, c’est toute une filière qui sera soutenue dans le futur avec des budgets conséquents”, souligne ainsi le Ministre wallon de l’Energie Philippe Henry. “Cela permettra d’offrir des solutions durables pour des secteurs plus compliqués à décarboner comme le transport et l’industrie”.
Notons que le groupe Colruyt s’est déjà équipé de chariots élévateurs (transpalettes) à hydrogène, munis d’une pile à combustible qui convertit ce gaz en électricité. Sur 2000 chariots utilisés dans son siège à Halle, 75 fonctionnent à l’hydrogène. La flotte devrait bientôt atteindre 200 véhicules de ce type (lire notre article Colruyt carbure à l’hydrogène vert).
Mais le projet Hayrport ira bien plus loin.
Une filière en cours de développement
Une filière industrielle d’hydrogène vert commence à se structurer en Wallonie et différents acteurs se positionnent dans ce secteur qui permettra de décarboner de nombreuses activités et d’atteindre nos objectifs climatiques.
Avec 20% de parts du marché mondial des électrolyseurs, le groupe John Cockerill est aujourd’hui le leader mondial du domaine. Il conçoit et fabrique les électrolyseurs parmi les plus puissants du marché et compte plus de 1000 références à ce jour.
L’industriel liégeois participera également à une production de méthane de synthèse en Wallonie (lire notre article Vers une production industrielle de e-méthane en Wallonie).

Deux vecteurs complémentaires
Pour le transport, l’électrification et l’hydrogène vert sont les deux vecteurs les plus crédibles pour remplacer l’essence et le diesel par des modes de propulsion “zéro carbone”.
Pour les voitures individuelles, l’électricité reste le plus pertinent aux niveaux énergétique et environnemental. Dans l’état actuel de la technologie, les voitures à hydrogène ne sont donc pas appelées à se développer à grande échelle.
Pour les véhicules lourds tels que les camions de marchandises, l’électrification s’avère par contre non pertinente car ils auraient besoin de batteries disproportionnées. Dans de tels cas, le vecteur hydrogène se révèle beaucoup plus approprié car une petite pile à combustible suffit pour activer la mobilité.

Ce carburant s’avère également pertinent pour les trains qui circulent sur des lignes non électrifiées (lire notre article Les premiers trains à hydrogène sont sur les rails, pour une mobilité plus propre).
Dans le cas des bus, l’électrification peut s’avérer pertinente s’ils sont équipés de batteries de taille raisonnable mais régulièrement rechargées aux arrêts (lire notre article Bruxelles développe ses infrastructures pour bus électriques). Ce qui n’empêche pas de voir aussi des bus à hydrogène déjà circuler dans nos villes.

Ces deux carburants complémentaires se développeront en parallèle, au fur et à mesure que les réseaux de distribution ou de recharge s’élargiront sur nos territoires.
La distribution d’hydrogène ressemble très fort à l’approvisionnement actuel : « On fait le plein à la pompe ».
Le scénario électrique, par contre, implique de nombreux points de recharge, à proximité d’un maximum de bâtiments équipés en photovoltaïque (lire notre article Pourquoi la voiture électrique ne résoudra pas notre mobilité …mais jouera un rôle déterminant).
Enfin, il restera à décarboner les avions. Des projets de Recherche & Développement travaillent actuellement sur le kérosène de synthèse, également produit à partir d’électricité renouvelable et qui pourra propulser les avions sans émettre de carbone. Mais cette perspective semble plus lointaine que l’émergence actuelle de l’hydrogène vert pour le transport terrestre.