Selon le directeur exécutif de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), 2017 sera marqué par un risque de volatilité du marché du pétrole, la montée en puissance du LNG et une remarquable croissance des capacités renouvelables.
Nous vous présentions en décembre le résumé exécutif de l’édition 2016 de l’incontournable World Energy Outlook, publié chaque année par l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) (lire notre article World Energy Outlook : Quel secteur énergétique en 2040 ?).
En Belgique, AGORIA et le SPF Economie organisent chaque année une présentation du dernier rapport par un représentant de l’AIE. Il s’agit d’un rendez-vous annuel devenu incontournable pour les acteurs du secteur énergétique en Belgique. Renouvelle était présent ce vendredi 3 février 2017 à la présentation de Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE. Voici les 5 points marquants qui caractérisent le contexte mondial actuel :
(1) Un marché du pétrole qui risque de flamber
Le risque est grand d’être confronté prochainement à une offre de pétrole insuffisante face à la demande mondiale, ce qui créerait les conditions d’une volatilité des prix du baril de pétrole. Plusieurs éléments de contexte appuient cette perspective. Du côté de l’offre, (1) la part occupée par le Moyen-Orient dans la production mondiale de pétrole n’a jamais été aussi élevée depuis quarante ans ; (2) Le rythme de découverte de nouveaux gisements de pétrole conventionnels est redescendu à ses faibles niveaux des années 50 et (3), vu les faibles niveaux d’investissement, les pétroles non conventionnels ne pourront pas combler l’écart.
Du côté de la demande, les efforts d’efficacité et l’électrification du transport ne permettront pas de réduire la demande face à une forte hausse de la consommation créée par les tendances d’activité du transport maritime, du transport de marchandises, de l’aviation et de l’industrie pétrochimique.
(2) Le LNG fait la révolution dans le marché du gaz naturel
Le gaz naturel commercialisé à l’international est principalement transporté par gazoduc : 26% en 2000 et 42% en 2014. Les investissements en cours laissent présager qu’en 2040, le gaz naturel sera majoritairement transporté sous sa forme liquide, le LNG (Liquid Natural Gas). Ce mode de transport offre davantage de possibilités de marché au gaz naturel. Le LNG permet au gaz naturel de croître dans le mix énergétique des échanges énergétiques internationaux.
(3) Les énergies renouvelables deviennent leader des capacités électriques installées
En 2016, à l’échelle mondiale, les énergies renouvelables ont représenté à elles seules plus de la moitié des nouvelles capacités de production électrique. Elles dépassent ainsi les capacités installées en gaz, charbon et nucléaire réunies. Avec une telle activité d’installation, « Les énergies renouvelables ne sont plus une histoire romantique », insiste Fatih Birol. Leur développement est amené à se poursuivre. Et dans cette dynamique, l’AIE rappelle que la Chine est le leader en termes d’activité d’installation de capacités de production renouvelable.
Dans de nombreux pays, le déploiement du renouvelable est encore tributaire des soutiens politiques. Ceux-ci sont justifiés amplement face aux bénéfices environnementaux et sociétaux qu’elles génèrent car leur prise en compte n’est pas intégrée automatiquement dans les marchés.
(4) L’Accord de Paris sert de cadre pour des politiques énergétiques « low carbon »
Les promesses de l’Accord de Paris permettront de réduire la tendance de croissance actuelle des émissions de CO2, mais elles sont largement insuffisantes pour contenir l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici 2100. Seule une société neutre en carbone en 2100 permettra de ne pas dépasser une concentration de CO2 de 450 ppm et d’atteindre l’objectif de 2°C. Ce qui donne la dimension de l’ampleur des changements attendus pour répondre au défi climatique.
L’Accord n’est pas suffisant pour contrer les changements climatiques. Il définit à ce stade un cadre non contraignant dont on devra veiller à la mise en œuvre des politiques énergétiques « low carbon ». Ce qui n’est pas gagné d’avance quand on voit la réaction des marchés avant et après l’Accord.
(5) Environ 20% de la population mondiale n’a toujours pas accès à l’électricité
1,2 milliards de personnes n’ont pas accès à l’électricité. Ce droit universel à un service énergétique moderne reste un enjeu majeur. L’Afrique et certains pays du Sud de l’Asie sont particulièrement concernés par ce constat.