Energie durable : Vive le crowdfunding rémunéré !

Parmi les mécanismes de financement alternatif, le crowdfunding semble promis à un bel avenir. Surtout s’il offre une contrepartie rémunérée. Où en est-on en Belgique ?

Le secteur de l’énergie durable stimule actuellement les mécanismes de financement innovant (lire notre article Renouvelables : l’avenir radieux du financement alternatif).

Parmi ceux-ci, le crowdfunding fait beaucoup parler de lui.

Le crowdfunding – ou financement participatif – est une solution de financement (souvent complémentaire) permettant au concepteur d’un projet de faire appel à un grand nombre d’investisseurs, en vue de lever tout ou partie des fonds nécessaires à la réalisation de son projet.

Habituellement, les fonds sont collectés en ligne, par l’intermédiaire d’une plateforme spécifique.

Les projets mis en place par financement participatif peuvent avoir une fin commerciale, mais il peut également s’agir de projets à caractère social ou culturel.

Il est important de faire la distinction entre le crowdfunding financier (avec contrepartie rémunérée) et non-financier (dons ou récompenses).

Au vu des taux d’intérêt actuels sur les comptes d’épargne, il va sans dire que le crowdfunding rémunéré offre des perspectives très attrayantes.

Un rendement jusqu’à 9%

A titre d’exemple, citons le cas réel d’un développeur éolien au Royaume Uni confronté à certaines réticences bancaires. Les banques exigent des garanties très importantes, telles qu’une hypothèque sur chaque éolienne et sur les droits de superficie, et très coûteuses (frais de notaire) – sans compter les lourdeurs administratives. Il décide dès lors de lancer un crowfunding pour financer une partie de son projet éolien.

Cette formule offre plusieurs avantages :

  • des fonds peuvent être facilement et rapidement levés, sans les contraintes bancaires.
  • les citoyens – et notamment les riverains du futur parc éolien – peuvent accéder aux bénéfices du projet, ce qui renforce l’acceptation sociale du parc éolien.

Pour maximiser ses chances, le développeur offre un rendement de 6% à 9%. Une rémunération très attrayante pour les particuliers.

Le succès est bien sûr atteint : 1,5 millions € sont rapidement levés. Un montant qu’il ne devra pas emprunter à une banque et qui lui facilitera la tâche pour obtenir un crédit complémentaire.

La Belgique encore frileuse

Cet exemple britannique n’a pour l’instant aucune chance de se réaliser en Belgique : le cadre du crowdfunding y est encore trop peu incitatif.

Selon Bolero Crowdfunding, émanation de KBC Securities, la Belgique a réussi à lever 4,35 millions d’euros en 2014. Une peccadille par rapport aux pays voisins. Le Néerlandais moyen investit près de dix fois plus par voie de crowdfunding que le Belge moyen. Tandis que le Britannique moyen investit en moyenne 75 fois plus que le Belge… (voir graphique ci-dessous).


Source : bolero-crowdfunding.be

Comment expliquer ces écarts ?

Premièrement, nous constatons que l’offre professionnelle de crowdfunding en Belgique est moindre que dans les pays voisins, même si plusieurs acteurs sérieux se développent sur le marché belge.

Deuxièmement, des pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni accordent d’importants avantages fiscaux aux investisseurs, si bien qu’investir par le crowdfunding devient très attrayant (bien plus qu’un compte épargne). En Belgique, de tels incitants sont actuellement à l’étude.

Un autre élément concerne la limite d’investissement de 1 000 euros par investisseur (pour les projets qui lèvent plus de 100 000 euros). Pour un investisseur qui recherche un rendement financier, ce montant de 1 000 euros est beaucoup trop bas.

Selon Bolero Crowdfunding, un investisseur de détail investit des montants nettement plus élevés sur le marché boursier en ligne : entre 5 000 et 10 000 euros.

Les Pays-Bas jouissent de plus de flexibilité en la matière. Un investisseur peut y investir jusqu’à 40.000 euros à travers une plateforme de crowdfunding pour une transaction en actions, et pas moins de 80 000 euros lorsqu’il s’agit de prêts.

L’Europe, quant à elle, recommande un plafond de… 5 millions €.

Améliorations en vue

Pour la Belgique, le potentiel de croissance est estimé à plus de 100 millions d’euros d’ici 2020.

En effet, la réglementation relative au crowdfunding est en passe d’évoluer en Belgique. Le montant maximal d’investissement (actuellement 1.000€) sera relevé, tandis que des exonérations fiscales seront accordées pour des investissements réalisés sur des plateformes agréées.

Il sera également nécessaire d’éduquer les investisseurs et de les sensibiliser aux risques inhérents à ce type d’investissement.

Pour toute question sur le crowdfuding lié à un projet en énergie durable, vous pouvez contacter le Facilitateur wallon Electricité renouvelable et cogénération.