En Wallonie, le développement éolien avance (trop) lentement

En 2020, la filière a installé 70 MW, soit moins que les 100 MW annuels fixés par les objectifs climatiques wallons. La fédération EDORA appelle à réduire à maximum 6 mois le délai pour les recours en annulation au Conseil d'Etat. 

L’APERe a mis à jour l’Observatoire éolien avec les données statistiques 2020, ce qui permet de connaître l’état du développement éolien en Wallonie. 

Après une reprise conjoncturelle avec 127 MW installés en 2019, l’année 2020 a vu l’installation de 70 MW, soit un peu moins que les 80 MW attendus, et moins que les 100 MW fixés par les objectifs minimums du Gouvernement wallon à l’horizon 2030. 

La filière n’a donc pas trop souffert des mesures liées à la pandémie de Covid-19 ; mais son développement accuse un rythme jugé trop lent par le secteur. 

Avec 18 nouvelles éoliennes érigées en 2020, la Wallonie compte désormais 458 turbines opérationnelles. La puissance totale du parc éolien wallon atteint désormais 1098 MW. 

A cela s’ajoutent 169 MW en cours de construction et 96 MW de projets autorisés (dont 46 MW définitivement). De nombreux projets éoliens sont développés, à différentes étapes du processus : 1756 MW de projets sont soumis à étude d’incidence, 513 MW de demandes de permis sont en cours d’instruction. Parmi tous ces projets, une partie sera abandonnée, notamment parce que des projets sont en concurrence pour un même emplacement.  

 

Réduire les délais au Conseil d’Etat 

 

Par ailleurs, 571 MW de projets sont en recours : 111 en recours au niveau ministériel, les 460 MW restants au Conseil d’Etat. La majorité de ces derniers disposent d’un permis et sont actuellement retardés pour plusieurs années.  

Le retard engendré par ces délais de recours au Conseil d’Etat implique aussi des contraintes techniques : les permis sont rédigés pour un type de machine spécifique et, quand ils sont enfin délivrés, les développeurs se voient contraints d’installer des machines d’une technologie qui date déjà de quelques années, plutôt que d’avoir l’opportunité d’installer des machines intégrant les toutes dernières évolutions. 

La fédération EDORA s’inquiète des nombreux projets bloqués et appelle le Gouvernement wallon à établir un délai de rigueur de maximum 6 mois pour les recours en annulation au Conseil d’Etat, afin de réduire les délais actuels qui peuvent prendre plusieurs années (lire ce communiqué). 

Par ailleurs, voici quelques tendances observées dans le développement éolien wallon. 

 

Mariés de force ou… de raison ? 

 

Certaines zones du territoire wallon concentrent plusieurs projets, d’apparence concurrents (le principe de l’octroi reste celui du « premier arrivé, premier servi » en termes d’octroi de permis). 

Sur le terrain, on constate une forte concurrence entre les développeurs éoliens. Le principe les incite à déposer une multitude de projets, au plus vite. Cela peut donner aux riverains le sentiment que le développement est anarchique (lire notre article L’éolien wallon se cherche un avenir plus serein). 

En 2020, on observe plusieurs cas où les autorités ont imposé aux développeurs de proposer un projet commun cohérent pour le territoire. Dans d’autres cas, les développeurs se mettent à la table des discussions avant que l’on ne leur impose. 

  

Premiers repowering 

 

Les premiers parcs éoliens en Wallonie atteignent 20 ans d’âge. Les exploitants démarrent des opérations de repowering pour leurs parcs. 

Le parc de Sainte-Ode a remplacé en 2020 ses 6 anciennes éoliennes par 4 nouveaux modèles plus puissants (gain net de 4,5 MW). Lire https://www.renouvelle.be/fr/actualite-belgique/premier-repowering-de-parc-eolien-en-wallonie  

Eneco Wind Belgium a obtenu permis (encore passible de recours) pour le repowering du parc de Perwez (remplacement de 8 machines de 1,5 MW par 7 machines de 4,2 MW). 

Vents d’Houyet a également rentré un permis pour remplacer leur première machine de Mesnil-Eglise de 600 kW par une 800 kW. 

Enfin deux projets de repowering sont en études d’incidences : un premier pour le parc Eneco Wind Belgium-Engie de Gembloux-Sombreffe (remplacement de 6 machines de 1,5 MW par 6 machines de 4,2 MW) ; un second pour le parc Engie de Bütgenbach (remplacement de 4 machines de 2 MW par 6 machines de 4 MW). 

Au vu de l’évolution technologique, ces opérations permettront de belles montées en puissance des parcs éoliens wallons existants. 

  

Les petits projets passent mieux 

 

Les projets de 1 à 2 éoliennes en zone industrielle ou en extension de parc existant fleurissent. Il semble que ces projets-là soient plus facilement acceptés que les parcs plus conséquents en termes de nombre de machines. La procédure pour les projets de moins de 3 MW de puissance est plus légère et plus courte (il s’agit de permis de classe 2 au sens de la législation environnementale). 

En termes paysagers, le développement de parcs induit une forme de mitage qui n’était pas souhaitée par le législateur du cadre de référence.