La filière hydroélectrique poursuit son développement en Wallonie et totalise près de 111 MW. Des initiatives citoyennes et communales ouvrent de nouvelles perspectives.
Moins connue que l’éolien et le photovoltaïque, la filière hydroélectrique poursuit néanmoins son développement en Wallonie.
Fin 2020, le parc wallon totalisait près de 111 MW répartis sur 153 sites de production.
En termes d’installation, la filière continue à équiper les voies hydrauliques, avec notamment la mise en service en 2020 d’une turbine Omega Direct de Rutten sur la Meuse à Houx (1,3 MW).
Ce type d’installation est rendu possible grâce aux améliorations technologiques apportées aux turbines Kaplan et à de nouvelles conceptions modulaires permettant de limiter le génie civil au droit des barrages existants sur les voies navigables (lire notre article Hydroélectricité : Des avancées technologiques appliquées en Belgique).
Une centrale à participation citoyenne
Parmi les initiatives inédites, citons la mise en service fin 2020 de la première centrale hydroélectrique wallonne à participation citoyenne !
Installée sur l’Ourthe sur le barrage-écluse des Grosses Battes à Angleur (illustration ci-dessus), cette centrale de 1,4 MW est en effet développée par les coopératives Emissions Zéro et HOSe et co-financée par 15.000 citoyens.
La centrale produira 4.400 MWh par an, soit l’équivalent de la consommation électrique de 1.257 ménages et 2.000 tonnes de CO2 évités par an.
Ces coopératives comptent développer d’autres centrales à participation citoyenne sur l’Ourthe et la Sambre (lire notre article Premières centrales hydroélectriques citoyennes en Wallonie et ce descriptif des projets).
Un investissement communal
Autre initiative intéressante : la commune de Habay a investi dans l’équipement hydroélectrique du site du Chatelet sur la Rulles (21 kW), qui alimente désormais les bâtiments administratifs de la commune et de trois sites d’anciens moulins.
D’autres projets hydroélectriques communaux ont déjà été réalisés à Houyet et Comblain-au-pont.
Ces investissements citoyen et communaux démontrent que la filière hydroélectrique peut elle-aussi intégrer des projets participatifs, à l’instar des filières éolienne et photovoltaïque.
Cure de jouvence
En 2020 également, quelques sites, à l’arrêt ou de technologie vieillissante, ont fait l’objet d’une cure de jouvence.
La Centrale de Beaupain à Cierreux, à l’arrêt depuis 2 ans, a connu une modification de machine portant la puissance installée à 132 kW, contre 100 kW précédemment.
La Centrale des Forges à Anseremme, à l’arrêt depuis 2 ans, a connu une modification du site. La puissance installée y passe de 66 kW à 70 kW.
Et enfin, la Centrale du Maka à Yvoir, à l’arrêt depuis 2 ans, a également connu une modification de site, réduisant la puissance de 29 à 22 kW.
Pompage-turbinage en Flandre
En Flandre, 5,6 MW sont installés, sur 13 sites. Les plus grosses puissances se concentrent sur les stations de pompage turbinage sur le canal Albert et la Meuse : l’eau est pompée de l’amont vers l’aval pour le soutien à l’étiage ou pour compenser les éclusées et elle est turbinée quand il y a plus d’eau que nécessaire.
Des années sèches
Au niveau météo, selon l’IRM, 2020 fut encore une année plus sèche que 2019, avec seulement 169 jours de précipitations (pour une normale à 199 jours) et une quantité de précipitations plus faible (14% inférieure à la normale).
Pour la quatrième année consécutive, le printemps et l’été ont été particulièrement secs. L’étiage s’est prolongé jusque début octobre sur la plupart des cours d’eau. En Wallonie, pour la troisième année de suite, l’exploitation hydroélectrique sur les cours d’eau non navigables a été suspendue par arrêté ministériel. Les centrales ne fonctionnant pas à niveau amont constant ont été mises à l’arrêt entre le 6 juillet et le 21 octobre 2020, suite aux faibles débits (lire notre article De petits producteurs hydroélectriques en perte sèche).
Par conséquent, la productivité hydraulique devrait être assez faible. Elle est estimée à 2226 GWh pour 2020.
A la différence de l’éolien et du photovoltaïque, la production hydroélectrique est assez stable, particulièrement durant les 6 mois frais de l’année, quand les besoins en énergie sont élevés.