CRM: Minimiser le rôle du gaz et viser 100% d’énergies renouvelables

Selon Greenpeace et Inter-Environnement Wallonie, la Belgique doit désormais développer l’éolien et le solaire pour minimiser l’usage des centrales au gaz et fermer au plus tôt les centrales au charbon européennes.

La Commission européenne a donné son feu vert au mécanisme belge de subventionnement des centrales au gaz (CRM), destiné à garantir la sécurité d’approvisionnement. 

Le gouvernement fédéral va donc pouvoir lancer un appel d’offre pour la construction de nouvelles centrales au gaz, qui devront compenser la fermeture des centrales nucléaires d’ici 2025. 

Il s’agit d’un sujet très polémique puisque que la Belgique va, temporairement, remplacer une production d’électricité décarbonée (le nucléaire) par une production fossile, ce qui augmentera nos émissions de CO2. 

Il faut cependant rappeler que la Belgique a tergiversé durant 18 ans sur la sortie du nucléaire et n’a pas su préparer sa transition énergétique.  

La situation actuelle, héritée du passé, demande de la volonté politique pour atteindre une Belgique neutre en carbone d’ici 2050. Et seule une sortie du nucléaire permettra d’intégrer pleinement les productions renouvelables sur le réseau électrique. 

Lire notre interview de la Ministre fédérale de l’Energie : 

Tinne Van der Straeten : “Nous réaliserons la transition énergétique avec les citoyens” 

Dans un communiqué, Greenpeace et Inter-Environnement Wallonie (IEW) regrettent ce recours au gaz et pointent la responsabilité des Régions, qui ont trop peu progressé dans leur gestion de la demande d’électricité, de l’énergie éolienne terrestre, et des permis de renforcement du réseau électrique (Ventilus, Boucle du Hainaut) pour doubler l’éolien offshore existant. 

Les deux associations environnementales souhaitent cependant tourner la page, estimant qu’il faut désormais travailler le plus vite possible au développement des alternatives aux énergies fossiles : “Au plus vite les alternatives comme l’éolien et le solaire seront développées, au moins longtemps les centrales fossiles seront opérationnelles, et au plus tôt les centrales au charbon européennes pourront être fermées”

Tourner la page et aller vers le 100 % renouvelable 

« Ce dont notre pays a surtout besoin maintenant, c’est d’un projet positif en matière d’énergie », pointe Jan Vande Putte, expert Energie chez Greenpeace. « Et il y a de nombreuses opportunités à saisir. L’étude publiée par Elia le mois dernier avance la possible combinaison d’une gestion intelligente de la demande, d’une électrification du chauffage et des transports, et d’une hausse des énergies renouvelables afin d’assurer notre approvisionnement. » Elia travaille en outre actuellement sur un plan énergétique reposant sur un système fiable d’énergies renouvelables d’ici 2050, basé sur la gestion de la demande et l’interconnexion. 

Engie a lui-même publié en 2020 un scénario énergétique qui prévoit une croissance des énergies renouvelables jusqu’à 66 % d’ici 2030. Ce scénario n’est pas si différent de celui publié par Greenpeace et IEW en 2016. « Il s’agit maintenant de combiner toutes ces forces pour amorcer le passage à 100 % d’énergies renouvelables », explique Jan Vande Putte. “Les Régions doivent se mettre en ordre de marche pour cela. Le défi est énorme, mais c’est le seul moyen de faire baisser durablement les émissions de CO2 , poursuit Arnaud Collignon d‘IEW. 

Des signaux positifs proviennent également du secteur de la chimie à Anvers. En juin, la multinationale BASF a annoncé qu’elle prenait une participation dans le plus grand parc éolien offshore du monde, qui sera développé au large des côtes belges. Les éoliennes fourniront de l’électricité verte à l’usine d’Anvers. Dans le même temps, BASF se concentre sur l’électrification de ses processus de production.  

« Avec ce changement fondamental vers un système d’énergie renouvelable qui s’observe au sein des grands acteurs industriels, il est important que les organisations environnementales et l’industrie cherchent des points d’accord “, estime Arnaud Collignon. « L’urgence de la crise climatique exige que chacun saisisse toutes les opportunités de réduction des émissions de CO2. » 

“Se réveiller de l’illusion nucléaire” 

Enfin, tous ceux qui ont cru à la prolongation de certaines centrales nucléaires afin d’éviter les centrales au gaz sont désormais dépassés par la réalité. Non seulement les centrales nucléaires sont trop peu fiables en matière d’approvisionnement – comme le relève une étude Elia mais leur prolongation est également très difficile à concrétiser.

La prolongation ne serait en effet envisageable qu’après une consultation publique, une décision sur les investissements à réaliser pour atteindre les normes de sécurité prévalant pour la dernière génération de centrales nucléaires, puis tous les travaux eux-mêmes.  

Les centrales nucléaires sont en fait hors jeu depuis que le précédent gouvernement a confirmé la sortie du nucléaire en 2015 “, conclut Jan Vande Putte. « Engie a donc tourné la page, comme l’a déclaré sans ambiguïté son CEO Thierry Saegeman au Parlement. Nous appelons tout le monde à suivre son exemple : se réveiller de l’illusion nucléaire et se mettre au travail pour passer au 100 % renouvelable. » 

Lire également notre interview de la Ministre fédérale de l’Energie : 

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