Comment amener des quartiers wallons vers la basse énergie ?

Le projet de recherche SOLEN a récemment présenté en séminaire les fruits d’un travail de deux ans (1). Le projet consiste en une modélisation énergétique globale des quartiers résidentiels wallons.

Le projet de recherche SOLEN a récemment présenté en séminaire les fruits d’un travail de deux ans (1). Le projet consiste en une modélisation énergétique globale des quartiers résidentiels wallons. Le constat de départ est le suivant : les actions politiques les plus fortes et les recherches scientifiques semblent surtout axées sur la construction neuve, négligeant le potentiel de rénovation des bâtiments, les stratégies de mobilité et l’intégration des énergies renouvelables. Le stock bâti wallon présente pourtant des performances énergétiques médiocres (bâti ancien, peu ou pas isolé) et un taux de renouvellement faible; c’est donc au niveau de la rénovation du stock existant que réside le plus grand potentiel de réduction des consommations d’énergie des bâtiments. En outre, le développement de stratégies durables en termes de mobilité et d’utilisation des énergies renouvelables apporte un complément indispensable à l’étude énergétique du stock bâti existant, pour réduire à grande échelle les émissions de gaz à effets de serre.

La recherche a donc abordé conjointement les consommations énergétiques des bâtiments, les stratégies de mobilité durable et les recours aux énergies renouvelables. Sur cette base, SOLEN propose les stratégies de renouvellement les plus adaptées à chaque type de quartier dans le but de tendre vers les objectifs « quartiers wallons à (très) basse énergie » et « zéro énergie ».

Valoriser le potentiel solaire par quartier

Le cadre « zéro énergie » a été appliqué à deux cas d’études : le quartier St-Léonard au centre de Liège (180 habitants; 60 logements/ha) et le quartier Rotheux-Neupré en maille périurbaine (150 habitants; 5 logements/ha). Il en ressort plusieurs éléments intéressants. La consommation d’énergie totale en énergie primaire (bâtiments + transport) s’avère plus faible dans le quartier urbain (mitoyenneté, localisation, etc.). Dans le domaine des énergies renouvelables, SOLEN montre que le potentiel de production d’énergie solaire photovoltaïque et thermique est plus élevé dans le quartier périurbain. Mais dans les deux cas, l’analyse démontre l’intérêt de mutualiser les investissements financiers et les équipements sur les toitures les plus ensoleillées d’un même quartier. En photovoltaïque par exemple, la production électrique collective sur les toits les mieux exposés augmente de +5 % pour ce quartier périurbain et de +11 % pour ce quartier urbain, par rapport à une logique d’installations photovoltaïques individuelles. Comme ce fut relevé lors du débat en séminaire, le législateur doit cependant, pour valoriser ce potentiel solaire, trouver une solution réglementaire qui autoriserait le partage de toitures c’està- dire l’utilisation d’une toiture dont on n’est pas propriétaire.

Un projet récompensé

Le projet SOLEN, financé par la Wallonie (DGO4) dans le cadre du programme mobilisateur Erable, a été coordonné par l’ULg-LEMA en partenariat avec l’UCL-Architecture et climat. Il s’est appuyé sur deux parrains industriels : EcoRce et MATRIciel. SOLEN a remporté deux prestigieux prix scientifiques :

  • e Energy Globe Award Belgium 2014
  • le PLEA 2013 « Best paper award » pour l’article : « Marique, A.-F, Penders, M, & Reiter, S. (2013). From zero-energy building to zero-energy neighbourhood : urban form and mobility matter. Proceedings of the International PLEA Conference 2013. », sélectionné comme meilleur article sur plus de

(1) La présentation de SOLEN (séminaire du 11 septembre 2014):
http://fr.slides.net

(2) A consulter ici :
www.plea2013.de

Mise en oeuvre :

Choisir le calendrier le plus opportun L’étude SOLEN souligne l’importance de prendre en compte trois types d’actions pour l’amélioration énergétique des bâtiments et des quartiers, selon les potentialités de chaque bâtiment/ quartier :

  • la réduction de la consommation en énergie primaire de chaque bâtiment, tout en tenant compte des besoins de confort des ménages,
  • la réduction de la consommation en énergie primaire due aux déplacements des occupants (impact de l’implantation des bâtiments et des modes de vie des occupants),
  • le développement de la production d’énergie in-situ, sur base du potentiel de production locale d’énergie renouvelable.

Le but est de mettre en oeuvre une amélioration énergétique raisonnable selon les potentialités de chaque projet (basse énergie, très basse énergie, …), tout en intégrant ces trois composantes (bâtiment, transport, énergie renouvelable), selon le calendrier de mise en oeuvre le plus opportun.