Chariots élévateurs, stations-services, camions, … Le groupe Colruyt investit dans l’hydrogène vert, ce carburant propre complémentaire aux énergies renouvelables.
Le groupe Colruyt, spécialisé dans la distribution – notamment alimentaire -, investit depuis 20 ans dans une politique d’énergie durable et se montre pionnier dans de nombreux domaines en Belgique.
L’entreprise compte aujourd’hui 14 éoliennes sur ses sites ; tandis que 53 magasins et bâtiments sont équipés en photovoltaïque. Cette production d’électricité verte couvre actuellement 30% des besoins en électricité de l’entreprise. De nouveaux projets éoliens et photovoltaïques sont en cours afin d’atteindre un objectif de 100% d’électricité verte d’ici 2025.
Le groupe a également pris conscience des enjeux d’une mobilité propre. En effet, l’activité de distribution est gourmande en kilomètres et en énergie fossile. Rien que pour Colruyt, 1.000 camions alimentent chaque jour plus de 1.100 magasins en Belgique et parcourent quotidiennement 130.000 km ; tandis que les clients parcourent 2,8 millions km par jour pour venir y faire leurs courses.
D’où la volonté de devenir une entreprise exemplaire et de sensibiliser la clientèle à une mobilité plus propre.
Depuis 2004, le groupe Colruyt a ainsi participé à plusieurs projets européens de Recherche & Développement dans le domaine de l’hydrogène vert, un carburant (gaz) considéré comme propre à condition qu’il soit produit à partir d’électricité de sources renouvelables (contrairement à l’hydrogène « gris » produit à partir d’énergies fossiles).
L’entreprise a déjà investi 6 millions € dans cette technologie verte et compte investir 35 autres millions € pour son développement dans les prochaines années. Cette stratégie, risquée à l’époque, porte aujourd’hui ses fruits : l’hydrogène vert devient en effet un carburant accessible et rentable pour de nombreuses applications.
C’est la filiale Eoly qui produit de l’hydrogène vert au siège du groupe Colruyt à Halle, à partir de ses productions éoliennes et photovoltaïques.
D’abord les chariots élévateurs
Colruyt s’est donc équipé de chariots élévateurs (transpalettes) à hydrogène, munis d’une pile à combustible qui convertit ce gaz en électricité. Sur 2000 chariots utilisés dans son siège à Halle, 75 fonctionnent à l’hydrogène. La flotte devrait bientôt atteindre 200 véhicules de ce type.
Ces transpalettes font le plein dans la station à hydrogène sur le site (photos ci-dessous) ou à une pompe située à l’intérieur du centre de distribution. Ils sont rechargés en 80 secondes, ce qui en fait un avantage indéniable de l’hydrogène par rapport aux batteries électriques (rechargées en minimum 6h), selon ce communiqué.
La station à hydrogène sur le site de Colruyt à Halle est gérée en interne par l’entreprise. En cas de panne, c’est le spécialiste mondial Hydrogenics qui intervient.
Puis les stations-services
Le groupe, qui compte également les stations-services Dats24, a ensuite voulu proposer à sa clientèle l’hydrogène vert comme nouveau carburant propre pour les voitures individuelles, puisque seule de la vapeur d’eau sort du pot d’échappement (en lieu et place du CO2 et autres polluants issus des carburants fossiles).
La première station-service publique à hydrogène vert a été inaugurée en octobre 2018 à Dassenveld/Halle (photos ci-dessous). L’automobiliste y trouve des carburants classiques mais également des alternatives comme le gaz naturel (CNG), l’électricité verte et l’hydrogène vert. C’est une première en Europe.
L’entreprise utilise déjà 13 voitures à hydrogène pour ses activités.
Ici, l’approvisionnement de 1 kg d’hydrogène vert coûte environ 10 € et permet une autonomie de 100 km. Ce prix, actuellement proche du diesel, devrait baisser au fur et à mesure que ce carburant vert se généralisera.
La station-service Dats24 de Dassenveld (Halle) propose des carburants classiques et alternatifs, comme l’hydrogène vert.
La filiale Dats24 compte bientôt ouvrir 4 autres stations-service de ce type en Belgique, à Gand, Louvain, Anvers et Liège.
Lors de l’inauguration, Jef Colruyt, CEO de Colruyt Group, a notamment déclaré : « Notre rôle de précurseur avec l’hydrogène comme solution durable signifie pour nous à terme une plus grande indépendance par rapport aux carburants et combustibles fossiles. Il nous permet aussi de franchir une première étape vers d’autres applications zéro émission. En tant que distributeur, le groupe exerce une influence considérable sur ses chaînes de production et de distribution. Par ailleurs, Colruyt Group espère représenter une source d’inspiration pour plus de 4 millions de clients. Le jeu en vaut donc vraiment la chandelle. » (lire le communiqué complet).
Bientôt les camions
Le groupe s’est désormais donné comme priorité d’équiper à l’hydrogène sa flotte de 1.000 camions, d’ici 5 à 10 ans, pour atteindre un objectif zéro émissions de CO2.
Un premier camion de 44 tonnes équipé en hydrogène sera testé en mai-juin 2019.
Pourquoi choisir l’hydrogène et non l’électricité ? Car un camion électrique exigerait une batterie beaucoup trop lourde, explique-t-on chez Colruyt.
Une production massive d’hydrogène vert
Enfin, le Groupe Colruyt – à travers sa filiale Eoly – investit également dans le tout premier projet industriel belge pour produire de l’hydrogène vert à grande échelle.
En effet, en partenariat avec Fluxys (gestionnaire du transport de gaz en Belgique) et Parkwind (développeur éolien offshore), Eoly compte construire une installation « Power-to-gas » pour stocker les surplus de l’éolien offshore en mer du Nord sous forme d’hydrogène.
Ce projet de grande envergure permettra un stockage inter saisonnier des productions d’électricité de sources renouvelables. Une avancée très attendue pour la transition énergétique ! (lire notre article Premier projet industriel en Belgique pour convertir l’électricité verte en hydrogène).