Chauffage : les ménages ne sont pas toujours bien conseillés

Avec l’inflation, de nombreux ménages s’équipent d’un nouveau système de chauffage. Mais le secteur regrette les effets pervers de certaines mesures politiques. Voici quelques conseils utiles.

Après les chiffres de ventes relativement bons de 2020, l’année 2021 a été très bonne, annonce l’ATTB – l’Association des Techniques Thermiques de Belgique.

Une des explications de ces bons chiffres est probablement la pandémie en cours. De nombreuses personnes investissent de moins en moins dans les vacances, les voyages et les dîners et plus dans leur habitation. Une autre hypothèse est que l’explosion des prix de l’énergie incite bon nombre d’entre eux à faire installer des systèmes de chauffage efficaces.

Un « décret mazout » pernicieux

Mais la fédération signale des effets pervers de certaines mesures politiques. Ainsi, en Flandre, le « décret mazout » a suscité un pic de ventes : beaucoup de personnes ont remplacé plus tôt leur chaudière à mazout pour avoir 20 ans devant elles. Ce n’était pas réellement l’objectif du décret et c’est évidemment contre-productif en termes de réduction des émissions de CO2. Le secteur du chauffage demande une concertation avec le gouvernement sur une réglementation plus efficace avant l’élimination progressive des chaudières à mazout ou au gaz, pour que cette mésaventure ne se répète pas, par exemple en Wallonie ou à Bruxelles.

Sans aides suffisantes, il semble que les ménages continueront à investir dans les technologies les moins coûteuses. Or, malgré l’inflation, les prix des combustibles fossiles restent encore trop peu chers pour que l’incitant à isoler le logement ou l’équiper d’un chauffage électrique (pompe à chaleur) ne soit rentable.

Des pompes à chaleur hybrides ?

En 2021, la vente de pompes à chaleur (notamment air-eau) a augmenté de 11 % pour atteindre 17 000 unités, mais, par rapport aux 245 000 chaudières vendues, cette technique n’occupe encore qu’une petite part du marché. Et cela devrait continuer à être le cas tant que les pompes à chaleur sont utilisées presque exclusivement dans les nouvelles constructions et les rénovations énergétiques majeures.

Par ailleurs, l’ATTB estime que la volonté politique d’électrifier le secteur du chauffage rencontre des contraintes techniques ou économiques et qu’il s’avère utile de réfléchir plus largement : parfois, il faut simplement changer une chaudière, parfois il s’agit d’une rénovation énergétique majeure, généralement le travail de l’installateur de chauffage se trouve quelque part entre les deux. Mais pour chaque bâtiment et pour chaque situation, il y a bien une solution efficace au niveau énergétique.

Selon la fédération, il faudrait accorder bien plus d’attention aux possibilités offertes par un système hybride (combinaison fossile + pompe à chaleur) sur le marché du remplacement.

Tandis que les chauffe-eau solaires ou un thermodynamiques et les chaudières biomasses sont aussi des choix à envisager.

Attention aux habitudes de certains chauffagistes

On peut aussi se poser la question sur les chauffagistes qui ont travaillé toute leur carrière dans la vente de solution mazout, et qui doivent du jour au lendemain proposer d’autres technologies. Si leurs clients se retrouvent sans chaudière, et qu’ils appellent bien évidemment en priorité leur chauffagiste pour remédier au problème, ce dernier leur dira qu’il peut changer pour un montant réduit le chauffage, qui sera plus performant (chaudière à condensation). Si le gaz n’est pas possible, il proposera souvent une chaudière mazout.

Si les ménages sont curieux et font venir un frigoriste ou un spécialiste des chaudières à pellet, ils seront surpris du devis qui sera souvent 2 à 3 x plus élevé que le chauffagiste traditionnel. Et si la maison n’est pas performante, le temps de retour sur investissement et les faibles primes n’aideront pas les ménages à passer à la pompe à chaleur ou au pellet.

Or le choix d’un système de chauffage dépend de plusieurs paramètres.

Avant toute décision, nous invitons les ménages à prendre d’abord conseils auprès des Guichets Energie en Wallonie ou Homegrade à Bruxelles (voir ci-dessous).

Comment aider les ménages ?

Pour inciter les ménages à s’orienter vers des solutions durables, l’association Energie Commune propose ces actions :

  • Avant toute décision, nous invitons les ménages à prendre conseils auprès des Guichets Energie en Wallonie ou Homegrade à Bruxelles, afin d’obtenir des conseils indépendants et pertinents, connaître les primes disponibles et élargir les solutions possibles.
  • Faire ensuite appel à un auditeur énergétique qui vous donner une vue d’ensemble des travaux à réaliser et des ordres de priorité. Ce conseil payant sera vite rentabilisé par les futures économies d’énergie (voir la liste des auditeurs en Wallonie et à Bruxelles).
  • Mieux vaut d’abord isoler son logement puis choisir un système de chauffage adapté à des besoins énergétiques réduits.
  • Vérifiez les possibilités d’un prêt à taux zéro en Wallonie ou à Bruxelles. Vous pouvez aussi obtenir des conseils de financement auprès de coopératives telles que Corenove.

Par ailleurs, voici quelques articles qui vous proposent des conseils utiles dans vos démarches :

Quelle technologie renouvelable pour chauffer mon logement ?

Une chaudière biomasse plutôt que fossile : est-ce rentable ?

Eau chaude sanitaire : quelle technologie solaire choisir ? (analyse 2019) 

Les pompes à chaleur, une solution à concrétiser