EDORA lance un appel pour « une vision énergétique intégrée et cohérente ». La ministre fédérale de l’Energie y répond par une promesse : son très attendu Pacte énergétique vise un consensus entre Régions et Fédéral. Petit décodage avant la trêve estivale…
La ministre fédérale de l’Energie, Marie-Christine Marghem, s’exprimait récemment lors d’une conférence-débat organisée par EDORA, la fédération des énergies renouvelables. Devant le gratin des acteurs belges de l’énergie, la ministre a d’abord rappelé la complexité institutionnelle du contexte belgo-belge. Soulignant d’entrée de jeu les responsabilités différenciées et parfois contradictoires des Régions et du Fédéral. Jusqu’ici, l’approche morcelée permise par le système fédéral avait amené des décideurs politiques à privilégier l’urgence et les mesures à court terme. Chacun sait désormais que seule une vision commune et intégrée permettra d’atteindre les objectifs belges voulus par l’Europe :
- Réduction des émissions de gaz à effet de serre (-40% d’ici 2030 par rapport à 1990).
- Objectif collectif contraignant de 27% d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique.
- Amélioration de 27% de l’efficacité énergétique d’ici 2030.
Certes, les responsables politiques belges se sont accordés sur la répartition de ces efforts entre les Régions et le Fédéral pour 2020 (accord in extremis, à la vielle de la COP21, après 8 ans de négociations !). Mais le plus dur reste à faire en détaillant le « comment », et surtout, l’après 2020 (lire notre article Objectifs Climat 2020 : Les petits calculs à la belge).
Les acteurs savent que la Belgique devra se passer du nucléaire à partir de 2025. Mme Marghem s’est bien gardée de se prononcer trop clairement sur l’avis de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), qui – dans le contexte belge actuel – ne voit pas comment la Belgique pourra couvrir sa consommation d’électricité sans nucléaire (lire notre article La Belgique auditée par l’AIE).
Converger entre Régions et fédéral
Annoncé en grande pompe fin 2015, le très attendu Pacte énergétique belge semble s’évaporer dans les limbes institutionnelles. Les Régions ont été consultées, mais quid d’une méthodologie pour débattre « sans tabou » entre gouvernements régionaux et fédéral ? Mystère… « Nous devrons la déterminer ensemble de manière à travailler de commun accord à l’émergence de ce qui pourrait s’appeler plus tard un Pacte énergétique pour la Belgique ». Pour le timing, guère plus de précisions : « Nous espérons vers septembre, octobre, novembre, commencer à converger ». Voilà qui s’appelle avancer à tâtons.
La ministre ajoute : « J’aimerais que cela se concrétise par une déclaration d’intention commune et que cela se poursuive par une réflexion sans tabou sur ce qui est nécessaire pour ce pays. Avec trois éléments fondamentaux :
- une énergie en suffisance
- un prix décent pour les citoyens et les entreprises
- la conformité avec les obligations internationales en terme de durabilité et d’environnement ».
Appel d’EDORA
A cette occasion, EDORA a partagé, avec la Ministre et les entreprises présentes, les bases de sa réflexion sur une « vision énergétique intégrée et cohérente ». « Intégrée » au niveau de l’ensemble des vecteurs énergétiques que sont l’électricité, mais aussi la chaleur et le transport. Et « cohérente » entre les différents niveaux de pouvoir et leurs compétences respectives.
EDORA a ainsi insisté sur l’importance de s’engager résolument dans la transition énergétique en poussant l’efficacité énergétique, la flexibilité, et en travaillant à la mise en place d’un marché de l’énergie dynamique et intelligent.
Un appel renforcé par le témoignage des entreprises présentes, actives notamment dans la flexibilité des productions décentralisées, la gestion de la demande, l’hydrogène comme carburant alternatif…
Voilà qui devrait alimenter le débat politique dès la rentrée…