La Belgique et l’Allemagne sont désormais interconnectées

L’interconnexion ALEGrO sera opérationnelle fin 2020 et permettra l’échange de 1 GW entre les deux pays. Cette infrastructure facilitera l’intégration des énergies renouvelables sur le réseau haute tension. 

Le groupe Elia, gestionnaire du réseau belge haute tension, poursuit ses chantiers stratégiques d’interconnexion entre la Belgique et ses pays voisins. 

Fin 2018 était inaugurée l’interconnexion sous-marine Nemo Link avec le Royaume Uni, permettant l’échange de 1 GW supplémentaire entre les deux pays (lire notre article La Belgique et le Royaume Uni sont désormais interconnectés). 

Fin 2020 sera inaugurée l’interconnexion ALEGrO avec l’Allemagne, permettant également de faire circuler 1 GW supplémentaire entre les deux pays – soit entre 8 et 20% de la puissance en électricité consommée en Belgique en journée en fonction qu’il s’agisse d’une journée d’hiver à forte consommation ou, inversement, d’été à faible consommation.

La liaison souterraine s’étend sur 90 km – dont 49 en Belgique – et relie les stations de conversion de Lixhe (Belgique) et de Oberzier (Allemagne) – illustration ci-dessous. 

Pour permettre l’importation ou exportation souterraine d’électricité entre les deux pays, le choix a été fait de travailler en courant continu : il faut donc transformer le courant alternatif (utilisé sur le réseau haute-tension) en courant continu, ce qui se fait dans les stations de conversion à chaque extrémité de la liaison souterraine – illustration ci-dessous. L’échange d’électricité se fait instantanément et à double direction. 

 

Le projet ALEGrO a nécessité un investissement colossal de 500 millions € et 10 ans de travaux. La liaison sera opérationnelle mi-novembre 2020. 

La station de conversion de Lixhe, une infrastructure inédite en Wallonie. Photo: Elia. 

 

Mieux intégrer, techniquement, les renouvelables 

 

Les interconnexions entre les réseaux européens offrent au moins trois avantages : elles augmentent la sécurité d’approvisionnement, harmonisent les prix de l’électricité au niveau européen en les poussant, pour l’instant, à la baisse et permettent de transporter les surplus des productions renouvelables locales vers les régions où la demande d’électricité est plus forte. 

Dans le cas d’ALEGrO, les gestionnaires des réseaux belge et allemand comptent par exemple exporter les surplus de production des parcs éoliens offshore en mer baltique vers les entreprises belges grandes consommatrices d’électricité ou, inversement et selon la météo, exporter les surplus éoliens ou solaires belges vers les grands consommateurs allemands. 

A terme, un super réseau européen pourra donc intégrer 100% d’électricité renouvelables, produites localement selon les potentiels et conditions météo de chaque région. 

Le réseau haute-tension belge est considéré comme un hub essentiel pour ce futur super réseau européen. 

Ces interconnexions et capacités d’échange avec nos voisins joueront également un rôle positif pour compenser le nucléaire belge, dont la sortie est programmée en 2025.